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Prix d’un appel local
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Nouveaux rituels
pour les obsèques

Ces vrais bouleversements démographiques existent, il y a le phénomène de la crémation qui existe, le phénomène de la crémation ce n’est pas uniquement un changement de mode de sépulture c’est un véritable bouleversement de rituel. Il y a une génération en gros, la crémation était une pratique militante réservée à laïcs et francs maçons. Les associations crématistes c’était ça. Ca s’est développé à une vitesse extrêmement importante, maintenant c’est plus du tiers de la population, pour autant quand on a à faire face à la mort d’un proche on a besoin de se rattacher à des racines des repères culturels etc…hors nous sommes une génération sans repère culturel autour de la crémation, tous les livres qu’on a lu, les films qu’on a vu, les histoires familiales sont autour de l’inhumation, même le vocabulaire ‘ la personne va reposer dans sa dernière demeure’, … pour la crémation un petit pot de cendres ce n’est pas la même chose. Il n’existe pas de mots pour les enfants, c’est tragique, allez dans un crématorium vous ne voyez jamais d’enfants et le diagnostic était que les parents étaient incapables d’expliquer à leurs enfants ce qui allait se passer au crématorium, donc on prive les enfants d’obsèques alors que c’est leur rendre service que de leur permettre d’accompagner…tout simplement sans doute pour des problèmes de vocabulaire. Il y a une évolution de la crémation qui a été extrêmement rapide partout en Europe, plus dans les pays du nord, les pays protestants avec des pointes : la Suisse 87 %, la Grande Bretagne 75 %, dont 90 % à Londres, le Danemark 81 %, …

La crémation, la dernière volonté majoritaire dans nos sociétés modernes

D’après les sondages le désir de crémation est majoritaire dans la population, d’autant plus importants que les personnes sont âgées. On a vu chez les jeunes une diminution du désir de crémation qui s’explique largement quand on regarde les tris sociologiques, par l’appartenance religieuse, les croyants et pratiquants en général se retournent plutôt vers l’inhumation naturellement chez les populations juives, musulmanes mais également chez les catholiques, les catholiques pratiquants se recentre sur l’inhumation.

Crémation et obsèques religieuses

On observe la création de plus en plus importante de crémations confessionnelles, des entreprises juives depuis très longtemps, des entreprises musulmanes maintenant il y en a un petit peu partout, et il y a également les catholiques qui ont monté leur système confessionnel à Paris, à Lyon, à Versailles, à Marseille, à Toulouse , Bordeaux…
La crémation c’est un bouleversement car on a tous en tête le schéma des obsèques ce sont les obsèques chrétiennes, donc on meurt chez soi entouré par ses proches, on est veillé, on se rend en convoi au centre de la cité, souvent à l’église qui es au centre du village, là il y a un bâtiment qui est fait pour, un officiant qui sait ce qu’il faut faire et il s’y déroule une cérémonie qui a du sens pour ceux qui sont croyants et qui au moins rattache à une tradition pour les autres. Puis après il y a le cimetière qui est fait pour les morts dont on a parlé.

La mort en milieu médicalisé : nouvelle fin de vie

75 % des personnes meurent dans des structures médicalisées, 85 % des décès se produisent hors du domicile, un enfant d’aujourd’hui n’a vu naître ni mourir, il a vu quelqu’un partir à l’hôpital et n’en jamais revenir, le mort, ou revenir avec un vivant de plus, le petit bébé qui vient de naître. Nouveauté également, on meurt extrêmement souvent à la suite d’une décision médicale, une étude de 2012 montre que dans 48 % des décès, le médecin déclare avoir pris une décision médicale en ayant conscience qu’elle était susceptible d’abréger la vie du patient, loi Léonetti, soulager la douleur au risque de précipiter la mort mais abstention d’opération etc.


Source : retranscription libre France Culture Entretien enregistré en septembre 2017 dans le cadre du colloque “Que vont devenir les cimetières en Normandie, et ailleurs ?”, sous la direction de Jacky Brionne, Gaëlle Clavandier et François Michaud-Nérard. François Michaud-Nérard, fondateur de la société d’économie mixte “Services Funéraires de la Ville de Paris”. Administrateur de l’Union du Pôle Funéraire Public, il est membre titulaire du Conseil national des Opérations Funéraires et du bureau de l’European Crematoria Network.