En France, près de 200 000 personnes sont touchées par le parkinson, la maladie neurodégénérative la plus fréquente après l’alzheimer. Cette pathologie, qui évolue lentement, débute au moins cinq à dix ans avant l’apparition des premiers symptômes typiques. Chez certains patients, des signes avant-coureurs existent néanmoins et pourraient accélérer le diagnostic.
Décrite pour la première fois en 1817 par un médecin anglais, James Parkinson, qui lui a donné son nom, cette maladie dont l’origine est encore mal connue n’est pas décelée immédiatement, car les symptômes caractéristiques mettent au moins cinq ans avant de se manifester. De plus, ils diffèrent selon les personnes. « Le médecin généraliste, qui n’a habituellement que deux ou trois parkinsoniens parmi sa patientèle, ne soupçonne pas toujours immédiatement cette pathologie lorsqu’il est confronté à un patient qui se sent déprimé ou qui se plaint de douleurs », explique Philippe Damier, professeur de neurologie au CHU de Nantes et vice-président du comité scientifique de l’association France Parkinson*. « L’errance diagnostique est d’un à deux ans en moyenne », précise-t-il.
Quand tout ralentit
Contrairement à des idées reçues, largement répandues au sein de la population, le principal symptôme de la maladie de Parkinson n’est pas le tremblement et les personnes atteintes ne voient pas non plus leurs facultés mentales décliner. « Les premiers symptômes sont des signes moteurs qui surviennent en général au moins cinq ans après les premières lésions neuronales, indique le professeur Damier. Mais des signes avant-coureurs peuvent se déclarer, notamment des problèmes de constipation, un état dépressif ou encore une diminution des capacités olfactives. Ils ne sont toutefois pas spécifiques de la maladie de Parkinson. »
Le parkinson, appelé aussi « maladie du mouvement », se caractérise en effet par la destruction des neurones essentiels pour la motricité et la coordination des muscles. « Le maître symptôme, commun à la plupart des malades, est la difficulté gestuelle, une lenteur à effectuer les gestes, précise le professeur Damier. Une difficulté d’écriture ou un membre inférieur qui traîne, qui est ralenti, peuvent ainsi faire partie des premiers symptômes. » Cela vaut également pour l’humeur : elle ralentit, d’où les sentiments dépressifs que ressentent nombre de parkinsoniens et qui doivent interroger le médecin lorsque les antidépresseurs restent sans effet. « Certains troubles du sommeil très particuliers, comme des rêves agités, sont aussi associés à un risque d’apparition de la maladie de Parkinson », ajoute Philippe Damier.
Des douleurs rhumatologiques
Des douleurs rhumatologiques peuvent se manifester parfois très tôt. A la perte de mobilité vient souvent s’ajouter une raideur des membres, de l’épaule ou de la hanche, une tendinite… Quatre-vingt-dix pour cent des patients ressentent ce type de douleurs au cours de l’évolution de la maladie. « Il n’est pas rare que ce soit le rhumatologue qui détecte les premiers signes et qui adresse le patient à un neurologue », constate le professeur Damier, avant de souligner que « les symptômes sont souvent asymétriques, un côté du corps est plus atteint que l’autre ». Le neurologue va vérifier la présence de signes moteurs qui permettent de poser un diagnostic sur les seuls éléments cliniques dans 80 % des cas. Dans les cas difficiles, une scintigraphie cérébrale – un examen de médecine nucléaire – permet, grâce à une caméra spécifique, de confirmer un manque de dopamine cérébrale, phénomène caractéristique du parkinson.
Que l’on traite tôt ou plus tard, cette maladie ne se guérit pas. On peut cependant apporter une importante amélioration au patient en lui administrant des médicaments qui fournissent au cerveau la dopamine manquante ou son équivalent pour compenser la disparition des neurones qui fabriquent et libèrent ce neurotransmetteur indispensable au contrôle de la motricité. Des séances de kinésithérapie l’aideront aussi à préserver au maximum ses capacités motrices et à soulager les douleurs dues à la rigidité musculaire qui s’installe progressivement.
Isabelle Coston