Loin d’être réservé aux enfants, faire la sieste en début d’après-midi correspond à un véritable besoin physiologique. Chacun peut profiter des bienfaits de cette pause, qui diminue le stress et participe au bien-être physique et mental.
Si faire la sieste n’est pas toujours bien vu, rares sont ceux qui échappent à une « baisse de régime » en début d’après-midi. Et pour cause : « Faire la sieste correspond à un véritable besoin », explique Eric Mullens, médecin du sommeil et membre de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). L’être humain est programmé pour avoir tendance à s’endormir entre 13 et 15 heures. L’attention est alors en baisse, les paupières clignent, et certains vont même jusqu’à « piquer du nez ». « Nous ne sommes pas faits pour rester correctement réveillés toute la journée, poursuit le docteur Mullens. La sieste est donc un événement chronobiologique tout à fait normal, surtout lorsque l’on a une dette de sommeil. » Selon une enquête réalisée par l’INSV dans le cadre de la Journée du sommeil 2016, les Français dorment en moyenne 7 h 05 en semaine et 8 h 11 le week-end. Un tiers des personnes interrogées souffrent d’un trouble du sommeil et 25 % se disent somnolentes ou très somnolentes dans la journée. L’intérêt de la sieste est donc bien réel. Pourtant, seul un Français sur cinq déclare la pratiquer au moins une fois par semaine.
Une durée adaptée aux besoins
La durée de la sieste peut être courte, de dix à vingt minutes, ou plus longue, d’une heure ou plus. « Tout dépend du rythme de vie, précise Eric Mullens. Une personne qui travaille de nuit n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne qui a des horaires de bureau classiques. Plus la privation de sommeil est importante, plus le besoin de récupération est long. D’autant que le manque de sommeil est à l’origine d’une somnolence dans la journée qui peut être responsable d’erreurs ou d’accidents. »
La forme longue de la sieste correspond généralement à un cycle de sommeil, composé d’un sommeil lent, avec une activité cérébrale ralentie, et d’un sommeil paradoxal, avec une activité cérébrale plus intense. Un cycle dure en moyenne quatre-vingt-dix minutes. Lorsqu’elle est courte, la sieste n’est constituée que d’un sommeil lent et léger, qui permet un retour facile à ses activités.
Un moment de détente
Pour favoriser la relaxation, il faut s’installer confortablement et mieux vaut éviter que les conditions, lumineuses notamment, ne soient les mêmes que lors du sommeil nocturne. Ceux qui n’arrivent pas à se réveiller peuvent programmer un réveil pour qu’il sonne au terme du temps imparti. Au bureau, dans sa voiture ou chez soi, le choix du lieu importe peu. De même, faire la sieste ne signifie pas obligatoirement dormir. « Chacun peut la pratiquer comme il l’entend. Certains sont dans une phase de relaxation profonde, mais ne dorment pas. L’important est de laisser l’organisme se reposer et récupérer dans un moment de calme », souligne le docteur Muller.
Au travail, cependant, il n’est pas toujours aisé de prendre du repos. Si certains employeurs ont sauté le pas en proposant des salles de détente, des freins existent encore. « Les entreprises doivent permettre à leurs salariés de faire la sieste. Il faut qu’elles comprennent l’intérêt de cette pratique, insiste Eric Muller. La sieste est un véritable médicament, un vrai remède. » En plus d’accroître la vigilance et d’améliorer les capacités cognitives, la sieste permettrait en effet, à long terme, de réduire le risque d’hypertension et de « booster » l’immunité, luttant ainsi contre effets négatifs du manque de sommeil.
Benoît Saint-Sever
Pour aller plus loin : l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) propose un dossier complet sur la sieste, à lire sur son site Villagesommeil.org.