Chaque année, en France, environ 2 500 personnes donnent leur corps à la science. Ce geste généreux permet aux futurs médecins et chirurgiens de s’exercer pour parfaire leur formation. Mais pour pouvoir effectuer ce don, encore faut-il répondre à certains critères.
Léguer son corps après son décès à un établissement de recherche et de formation médicale est avant tout un geste désintéressé et citoyen. Cette démarche personnelle et volontaire est cependant soumise à certaines règles. Pour donner son corps à la science, il faut être majeur : un mineur ou un majeur sous tutelle n’a pas cette possibilité. Il faut également exprimer clairement sa décision de son vivant. Pour cela, il convient d’écrire à la main une déclaration sur papier libre, de la dater, de la signer, puis de la faire parvenir à la faculté de médecine de son choix. En France, une trentaine d’entre elles sont habilitées à recevoir ce type de don*. A réception de cette déclaration écrite, la faculté demande au futur donneur de lui retourner une fiche de renseignements, une fiche de confirmation du don et une photocopie de sa carte d’identité. Elle enverra ensuite une carte de donneur, à conserver sur soi, car au moment du décès le corps ne sera transféré dans les locaux de la faculté que sur présentation de l’original de ce document.
Le choix de donner son corps n’est pas irréversible : il est possible à tout moment de changer d’avis. Il faut alors détruire sa carte de donneur et en informer le centre de don.
Une démarche souvent payante
L’établissement de santé, de formation ou de recherche qui reçoit le don assurera à ses frais l’inhumation ou la crémation. En revanche, les textes législatifs ne précisent pas qui est responsable du coût du transport du corps, et chaque centre de don a son propre fonctionnement. Le transport peut ainsi être gratuit ou à la charge du donneur ou de ses proches. Certains établissements demandent également de régler un forfait ou des frais de dossier. Les montants pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros, mieux vaut se renseigner auprès de la faculté pour éviter les mauvaises surprises.
Un processus de deuil différent
Autre paramètre à prendre en compte : le corps n’est pas rendu à la famille après les travaux anatomiques. Dans la plupart des cas, les corps sont incinérés anonymement, puis les cendres sont dispersées dans un « jardin du souvenir » où une stèle est érigée pour permettre aux proches de se recueillir. Quelques centres restituent les cendres à la famille, si le défunt l’a souhaité. Il faut toutefois savoir qu’un délai de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois ou même de plusieurs années peut s’écouler entre le don du corps et l’incinération. Ces conditions peuvent rendre le processus de deuil plus difficile pour les proches, d’où l’importance de leur faire connaître sa décision et d’en discuter avec eux.
Des motifs de refus du don
Malgré cette préparation et ces démarches, il peut arriver que la faculté de médecine refuse le corps du défunt. Le don devient impossible dans les cas suivants : absence de la carte de donneur ; non-respect du délai de quarante-huit heures maximum pour transporter le corps ; décès à l’étranger obligeant à une mise en bière ; décès dû à une maladie contagieuse ; décès consécutif à un accident de la route, à un suicide ou à toute autre raison susceptible de poser un problème médico-légal.
Benoît Saint-Sever