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Prix d’un appel local
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Les obsèques
et les lieux de culte

Très souvent on se trouve avec le direct hôpital/cimetière, qu’on trouve de plus en plus dans les villes, les métropoles, on part de la chambre mortuaire de l’hôpital, pas de cérémonie, pas de fleurs, on se retrouve au cimetière, là 4 fossoyeurs qui sont pressés de recouvrir de terre le trou, rideau ! C’est assez sidérant pour ce qui assiste à ça. Les passages par les lieux de culte se raréfient, à l’exemple de Paris, les obsèques organisés actuellement, 3500/an, dans 69 % des cas on ne passe pas par un lieu de culte, pas d’église ou autre…

On ne meurt plus chez soi !

On ne meurt plus chez soi, on est plus veillé, on a plus de convoi, dans 2/3 des cas on ne passe plus par les lieux de culte, avant le cimetière était un repère, même les crématistes au début avaient des petites tombes dans lesquelles on mettait les calcins qui étaient les ossements, dans des boites qui ressemblaient à des cercueils, et le cimetière était un lieu repère important pour le deuil, c’était un lieu public ouvert à tous, un lieu réservé aux morts, quand on passe qu’il y a obligatoirement autour d’un cimetière on sait qu’on passe dans le domaine des morts, pour bien montrer la séparation du monde des morts et des vivants on met une grosse pierre sur le défunt : la pierre tombale, pour que la veuve qui va pleure son mari et dialoguer avec lui, sache bien que c’est un subterfuge et que le mort est mort, il est dans le lieu des morts, sous terre etc.

Obsèques et crémation

Avec la crémation ce n’est pas forcément la même chose, avec la crémation ce qui était un défunt devient un petit pot de cendres en 1h30 qui n’a plus rien à voir avec l’humain qu’il y avait auparavant, 96 % de l’humain qu’il y avait avant la crémation est parti en fumée, le pot de cendres représente seulement 4 %.

Un colombarium, la dispersion, nouveaux usages pour les funérailles

Avec l’invention de nouvelles pratiques mémorielles, avec des columbarium, rien ne dit que ça doit être fermé par une plaque opaque, on peut aussi avoir des petites grilles sur lesquels les gens peuvent venir poser un pot de yaourt avec une petite fleur et les enfants allumer une petite bougie, …Il y a les cavures, ce sont les dispersions en mer, c’est pas simple pour un enfant de se baigner en mer avec cette idée des cendres dispersées en mer. Il y a aussi des choses plus ou moins bien, dans les espaces de dispersion, les puits du souvenir, la législation dit que c’est une dispersion des cendres, c’est pas vider le petit pot avec les cendres les unes sur les autres dans ce qui n’est souvent qu’un regard d’égouts alors que depuis la loi de 19/12/2008 on doit respect, dignité et décence aux défunts. Il y a la question de l’urne à la maison, même si elle théoriquement interdite il y a toujours des gens qui le font et il y a même des destinations qui peuvent être farfelues : la dispersion dans l ‘espace ou même le changement d’état puisque deux entreprises suisses proposent d’extraire le carbone dans les cendres de crémation pour les compresser pour en faire des diamants, donc la bru se promène avec belle-maman au doigt… La majorité des cendres sont encore dans des sépultures.

Source : retranscription libre France Culture
Entretien enregistré en septembre 2017 dans le cadre du colloque “Que vont devenir les cimetières en Normandie, et ailleurs ?”, sous la direction de Jacky Brionne, Gaëlle Clavandier et François Michaud-Nérard. François Michaud-Nérard, fondateur de la société d’économie mixte “Services Funéraires de la Ville de Paris”. Administrateur de l’Union du Pôle Funéraire Public, il est membre titulaire du Conseil national des Opérations Funéraires et du bureau de l’European Crematoria Network.