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Les obsèques
et rituels religieux

Autre bouleversement : le contexte religieux La France est le pays de la plus grande diversité cultuelle, avec des communautés diverses, on a une évolution extrêmement forte notamment des croyances et de la pratique, athés-non croyants : 40 %, pratiquants : 15 %, et 40 % croyants et non pratiquants. Religion d’appartenance dans l’ordre croissant : catholiques, musulmans…Pratique de la religion : 1/3 des pratiquants d’une religion en France sont musulmans, ce sont des bouleversements quand on parle des besoin en lieux de culte. L’anticipation de leur mort par les migrants : on a jamais vu cohabiter dans un même lieu avec une même législation, les mêmes règles sociales des personnes qui ont un rapport si différent à la mort : entre des bouddhistes, des hindouistes, des musulmans, des sikhs, des évangélistes…

Les religions comme réponse aux rituels face à la mort

Les religions réglaient la question des funérailles depuis la nuit des temps, il y avait une responsabilité divine dans la mort, c’était la frontière entre l’ici-bas et l’au-delà, il y avait un au-delà, une perspective et il y avait un cadre rituel qui était fixé par les religions avec des lieux aussi pour les réaliser. Quand on a des personnes non croyantes, des familles multi cultuelle ou culturelle, dont le plus petit dénominateur commun est une cérémonie civile la question se pose : où le faire, quels officiants ? Les français sont attachés à une religion, 75 % souhaitent une cérémonie et la moitié de ces 75 % une cérémonie religieuse. Les professionnels du funéraire observent qu’avec la laïcité pour une grosse partie de la population la cérémonie religieuse n’a pas de sens ou ne convient pas à tout le monde, et donc en subsidiarité ils se doivent de proposer quelque chose. La cérémonie civile, mais avant se pose la question à savoir à quoi servent les rituels ? Si on observe ce qui se passe à peu près dans toutes les civilisations, il y a un certain nombre de points communs dont celui d’assigner une place au cadavre, on va l’enterrer, le brûler ou le livrer aux vautours comme les parsis, … On va protéger la société physiquement de la pourriture des cadavres, on va lui attribuer une place symbolique, très présent dans les civilisations africaines et orientales rétablir l’ordre social qui est perturbé par la mort d’un proche Pour la crémation, le maître de cérémonie, lorsqu’il y a une cérémonie civile a un rôle essentiel, celui de faire passer symboliquement ce qui était un corps, celui du défunt vers les cendres de crémation qui si c’est bien fait auront autant de valeurs en tant que restes mortels que n’en avait un cercueil, cela demande du professionnalisme. Si c’est bien fait dans un crématorium avoir une co-visibilité du cercueil et de l’urne, il faut une niche, un endroit pour mettre l’urne de la même façon qu’il faut un endroit pour mettre le cercueil. Quand les franc-maçons ont des tenues funèbres, à la fin ils referment symboliquement la chaîne qui a été rompue par la disparition d’un proche. La cérémonie d’obsèques c’est le dernier moment solidaire avant un cheminement extrêmement solitaire dans le deuil dans notre monde moderne. Ce moment là doit être suffisamment investi pour aider à ce que cheminement parte le mieux ou le moins mal possible. Quand il s’agit d’une cérémonie religieuse, il y a une autre dimension naturellement qui ne concerne pas les cérémonies civiles, mais qui va consister à s’occuper de l’âme du défunt.

Les cérémonies civiles : nouvelles pistes pour les obsèques

En règle générale les français ne savent pas ce qu’est une cérémonie civile, il n’y a pas de règles, rien ne dit ce qu’il faut faire, il n’y a pas de guide. André Comte-Sponville montre dans son livre : L’esprit de l’athéisme , que l’on peut avoir une spiritualité sans dieu. Mais où sont les officiant de l’athéisme, où sont les lieux de célébration de l’athéisme ? En France il n’y en a pas. Sauf dans les crématorium il y a une obligation qu’il y ait une salle de cérémonie, question officiant c’est un autre problème. Les personnes qui choisissent une inhumation plutôt qu’une crémation n’ont droit le plus souvent à rien, éventuellement un chauffeur amélioré qui va mettre un petit coup de musique d’ascenseur…Il y a une très forte inégalité entre les croyants, les pas croyants, et parmi les pas croyants entre ceux qui vont choisir la crémation qui auront au moins un lieu et parfois quelqu’un qui va faire quelque chose et puis ceux qui choisissent l’inhumation et qui n’auront rien du tout, le direct hôpital-cimetière.
Source : retranscription libre France Culture Entretien enregistré en septembre 2017 dans le cadre du colloque “Que vont devenir les cimetières en Normandie, et ailleurs ?”, sous la direction de Jacky Brionne, Gaëlle Clavandier et François Michaud-Nérard. François Michaud-Nérard, fondateur de la société d’économie mixte “Services Funéraires de la Ville de Paris”. Administrateur de l’Union du Pôle Funéraire Public, il est membre titulaire du Conseil national des Opérations Funéraires et du bureau de l’European Crematoria Network.